Relève le défi de la nouveauté !

La vie est un livre à interpréter chaque jour. Mais chercher à le lire comme un livre de recettes ne donnerait comme résultat qu'un bien triste banquet. Il faut faire le chemin pour connaître le territoire, il faut explorer le pays et rencontrer ses habitants pour savoir ce que la vie, tout comme nos rêves nocturnes, a à nous dire. Parmi les multitudes de choses que j'ai vécues aujourd'hui : qu'est-ce que tout cela me dit vraiment, à moi, dans mon intimité ? Et les émotions que j'y ai ressenti : quelles actions m'invitent-elles à prendre ? Il est vital de ne pas se laisser leurrer par la carte, par la représentation rapide et simpliste que je me fais du monde et des événements de ma vie. Faire cela serait passer à côté du sens de ta vie.

Tu peux te réfugier dans les vieux livres. Les traditions, les coutumes, les usages, les sagesses ont du bon. Elles guident, rassurent. Mais elles ne donnent pas la joie profonde.

A Cana, la mère de Jésus dit : « Ils n'ont plus de vin ». Faut-il vraiment penser qu'elle s'inquiétait de détails logistiques ? Non, il faut comprendre son langage. Ce que Marie dit ce n'est pas « Ils n'ont plus de vin », mais bien « ils n'ont pas d'ivresse ». Tous ces juifs pieux respectent leurs traditions... mais ils n'ont pas l'ivresse de l'union divine, pas de passion, pas de folie. Quelle tristesse ! Comme disait l'autre, c'est « mourir au bord du puits en criant : j'ai soif ! », c'est posséder un engin interstellaire mais préférer une promenade au coin de la rue ! C'est encore avoir mille talents mais n'en développer aucun. Oui, on peut être un sage triste. On peut être un « juste » ennuyeux. On peut être poli, bien élevé, intégré socialement... et fade. Sors du cadre ! C'est l'apanage des peureux et des inquiets que de vivre dans un monde bien rangé, défini, catégorisé, rassurant et ronronnant... Sors du cadre ! Saute par-dessus la barrière qui empêche ta croissance, embarque pour une rivière, une cascade de fraîcheur et de nouveautés ! C'est l'heure d'écrire une nouvelle page, l'heure de créer un nouveau support, de faire du neuf avec du vieux. Avec tout ce que tu possèdes : tes trésors, ton savoir, tes traditions, il est temps de mettre tout cela dans un grand bac, de tout laisser se décomposer (oui même tes manuels éprouvés et tes Bibles les plus sacrées !), se mélanger, se recomposer, pour permettre la parution d'une feuille vierge, géante, ouverte à tous les nouveaux possibles. Ton héritage n'est pas fait de petitesse et de misère. Si tu choisis le riquiqui, tu te retrouveras paralysé, comme figé, le doigt traversé d'épingles : on regarde sans comprendre que de si petites choses puissent causer une si grande douleur. Non, ton héritage ce sont les grandes vignes du plus grand des royaumes. Ton héritage, c'est la vigne de Noé, c'est l'ivresse intégrale. Ose le réclamer ! Ne t'éloigne pas de tes merveilles intérieures toujours nouvelles, n'aie pas peur de ton magasin intérieur, de ce lieu foisonnant, surprenant, innovant : il y a là quelque tabac mystérieux, cuivré qui va faire de tes poumons une rivière de lumière, un arbre de vie, de parole et de sens. Accepte ta grandeur et ta noblesse intérieure : tu n'es pas fait pour les petits espaces, mais pour l'exploration et l'immensité. Sors de tes habitudes qui t'anesthésient : mets du Gargantua dans ta vie ! Tu ne peux pas vivre sans passion, sans folie, sans énergie. La vie est un appel à la brûlure : il faut que ça flambe !

Il est temps de mener une double vie, de tromper effrontément ton ennuyeuse vie, d'entretenir enfin une relation surprise, une relation cachée avec ton âme et que le feu de la passion te brûle tant et tant que cela te déborde et t'enivre d'une joie qui soit si difficile à cacher, si bien qu'au moindre regard tes joues s'enflamment... Relève le défi de la Nouveauté !

Samuel D'Olivier

3 juin 2019.