L'indécise.
- Si tu voyais, ce soir, la beauté froide et tranchante de la compagne nocture du soleil,
- Si tu voyais ce soir, son éclat de reine luisante : douceur et rondeur d'un côté, abscence aiguisée de l'autre.
- Au sein d'une fraîcheur humide et cristalline, je m'interroge sur le sens de cette lettre de roche, penchée sur nos destinées.
- Cette nuit, les champs sont inondés et reflètent comme un écho secret les phares des voitures qui viennent des deux côtés.
- Ballet blanc, jaune, orangé, puis rouge-vitrail quand il s'éloigne. Lucioles dociles et fredonnantes suivants une voie toute tracée.
- La lettre que la Lune nous donne est un D, courbé comme un vieillard ou bien curieux comme un enfant.
- Pourquoi, dis-moi, la quatrième clef de l'alphabet ?
- Peut-être parce qu'elle veut nous dire combien, ce soir, sous les nuages gris et légers, elle sent son âme DIVISÉE ?
- Peut-être parce que sous les yeux du grand chasseur Orion et de ses myriades de bijoux étoilés, aimerait-elle un peu DANSER ?
- Moi, j'aimerais tellement que tu sois là pour voir, à mes côtés, l'asphalte blafard et mouillé, comme embrasé par ses rayons glacés.
- J'aimerais que, dans le crépitement des branches nues et dans le frémissement des herbes trempées, tu ressentes comme moi l'ivresse de cette beauté.
- Mais que tu puisses être là, simplement, à mes côtés, que je puisses, de tes lèvres, observer la buée, que je puisses, dans tes yeux voir le reflet couleur de toi de cette solitaire soirée,
- cela ne dépend pas de moi, ni de toi il me semble, mais de la Lune seule ;
- et ce soir, je le sais, elle n'a rien DÉCIDÉ.
Samuel D'Olivier
Nuit du 3 janvier 2020.